Genèses s’est mise en grève le 6 janvier 2020, dans le contexte d’un vaste mouvement de luttes sociales en France. L’éditorial du numéro 118, intitulé « En grève », décrivait les raisons de cette décision, prise afin de « défendre non seulement un système de protection sociale, mais aussi des valeurs telles que la solidarité, l’idée de service public, l’indépendance de la recherche (et, au-delà, la possibilité de décrire rationnellement le monde), face à la lente destruction des conditions de production du savoir et à sa marchandisation qui menace l’accès de tou·tes aux connaissances ». Cet éditorial introduisait un numéro « alternatif » consistant en la réédition d’articles qui avaient déjà été publiés dans la revue et dont la thématique résonnait avec l’expérience que nous étions alors en train de vivre collectivement. Ayant cessé son travail éditorial habituel, Genèses a néanmoins produit un second numéro engagé, le 119, entièrement signé par Camille Noûs (symbole du caractère collectif de la recherche), et dédié aux réformes qui détruisent depuis près de vingt ans l’enseignement supérieur et la recherche, en France comme à l’étranger.
Convaincus de la transversalité des motifs et réorganisations imposés à marche forcée à tout le service public (notamment français) depuis plusieurs décennies, les membres du comité de rédaction ont décidé, après avoir repris leurs activités courantes au sein de Genèses au mois de septembre 2020, de perpétuer la mobilisation en inaugurant une nouvelle rubrique intitulée Combats. Jean-Louis Halpérin, membre du comité de rédaction, a publié un premier texte mettant en perspective les réformes, et les textes législatifs, concernant l’université depuis le XIXe siècle (« Du statut au contrat. Le délitement du discours législatif sur l’université et la recherche », no 120).
Nous souhaitons accueillir désormais dans cette rubrique des textes qui décrivent et analysent les pratiques de travail propres à un métier ou à un domaine d’activité, et la manière dont elles ont été modelées, voire transformées par les réformes qui ont marqué le service public depuis plus de vingt ans. Le new public management et son lot d’innovations ont profondément affecté des métiers qui comme à l’hôpital ou l’école, mais aussi dans tous les services dédiés au social, reposent sur la conviction d’une mission à accomplir pour la communauté. Les articles répondront à deux objectifs : témoigner de l’état dans lequel vit une branche professionnelle affectée par les réformes et des expériences des acteurs qui animent celle-ci, tout en contextualisant les transformations observées ; analyser leurs effets et les vicissitudes des trajectoires professionnelles soumises à des impératifs de rentabilité et de productivité. Lorsque les initiateurs des propositions d’article sont des chercheurs et chercheuses en sciences sociales, ils et elles sont vivement invité·es à apporter cet éclairage en mobilisant des questionnements et des outils propres à leurs disciplines respectives.
Les propositions seront lues par le comité de rédaction et, si elles sont acceptées, devront prendre en compte certaines remarques de ses membres. Les articles peuvent atteindre a minima 20 000 signes, et aller jusqu’à 50 000 signes, notes et bibliographie comprises.